14 Jan Gestion de crise/gestion des Emotions auprès des Soignants
Intervenant en ehpad dans ce contexte de crise sanitaire, je perçois le vécu des personnels soignants comme le reflet d’un miroir grossissant la conjoncture de crise sanitaire que nous vivons tous.
Faire face à la situation de crise d’un établissement frappé de plein fouet par le Covid, demande au personnel soignant de puiser dans ses ressources physiques, psychologiques, émotionnelles, relationnelles et organisationnelles. de savoir s’adapter quitte souvent à s’oublier et y “perdre des plumes”.
Cette situation de crise inédite nous bouscule, nous malmène. Les soignants sont confrontés aux disparitions répétées des résidents, à la maladie et à l’absence forcée de leurs collègues touchés par la maladie. Ils doivent puiser dans leurs ressources physiques pour faire face à la fatigue, dans leurs ressources psychologiques pour faire face aux émotions multiples qui les traversent : incompréhension, colère, confusion, sentiment d’abandon, tristesse, culpabilité, remords, découragement, honte…
La merveilleuse machine humaine a été conçue pour s’adapter et faire face à l’adversité. Oui, mais ponctuellement et à condition de restaurer cette dépense d’énergie. Pour pouvoir traverser ces crises et “tenir” sur le long terme, nous avons besoin de faire une pause pour comprendre ces émotions qui nous gouvernent, les accueillir, leur faire une place.
Partager ces émotions complexes révèle notre richesse intérieure, permet de tisser une relation à soi et aux autres, un ressenti en résonance avec l’équipe, révélant un vécu identique et des difficultés communes.
Identifier, accueillir, accepter nos émotions sans jugement, leur faire de la place permet de se rapprocher de soi, de se comprendre mieux et d’optimiser sa relation à l’autre. Percevoir ses émotions et ne pas les refouler permet de rebondir, de créer un terreau fertile pour s’adapter davantage ensemble aux situations de stress.
“Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort” : oui, mais… : à condition de savoir s’adapter et rebondir, d’avoir les ressources de la résilience face à ce tsunami émotionnel. D’être en capacité de se servir de ses émotions et d’utiliser cette Intelligence émotionnelle comme un atout et non pas comme une entrave.
L’intelligence émotionnelle étant “l’aptitude à développer et entretenir des rapports relationnels efficaces grâce à la compréhension, la reconnaissance et le contrôle de ses émotions et sentiments, ainsi que ceux des autres”(CEDIP), elle met en jeu 3 facultés successives :
- L’accès à ses propres émotions
- La transposition du ressenti en compréhension
- La transformation de la compréhension en compétence pour agir et interagir
Offrir à son personnel souvent épuisé et bouleversé par ces évènements, des séances collectives et/ou individuelles de gestion des émotions et des techniques de relaxation, où cultiver sa présence, c’est leur permettre de prendre soin d’eux. D’une manière générale, les soignants témoignent d’une haute conscience professionnelle et d’un souci de l’autre qui passe avant leur personne, au risque de s’oublier. On ne peut donner que ce que l’on a, d’où l’importance de savoir prendre soin de soi pour mieux encore prendre soin de l’autre. Cela parait évident, mais la mise en pratique ne l’est pas.
“Dès lors qu’elle est mise en œuvre en contexte interpersonnel, l’intelligence émotionnelle s’entrelace avec ce qu’on appelle l’intelligence sociale, à savoir toutes les qualités qui permettent de mieux se connaître/se comprendre et de mieux connaître/comprendre les autres.”(Programme Eve).
L’intelligence émotionnelle est intimement liée à l’intelligence corporelle. Elle a pour corollaire l’intelligence collective, et ce sont ces compétences douces, qui bien utilisées, permettent de déboucher sur l’intelligence organisationnelle…
Merci à la Mutualité Française Charente, Delphine Lamothe-Pelletier, Myriam Puaud et Hervé Martin pour leur confiance renouvelée.
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